28 janv. 2011

De la recherche de nos origines primitives, ou comment se rendre compte de l’unité de l’espèce humaine


La recherche de nos origines est un thème central des études scientifiques. La dernière en date, publiée le 28 janvier dans le magazine Science, vient de découvrir que les hommes modernes ont franchi la mer rouge il y a près de 125 000 ans. Une équipe d’archéologue a découvert sur le site de Jebel Faya aux Émirats Arabes Unis des outils en pierre taillé avec des techniques et des caractéristiques remontant à 125 000 ans.
Les chercheurs responsables de la découverte on découvert certains éléments quant à la dispersion des ancêtres.
« A la lumière de ces recherches, je pense désormais que c’est la modification du climat et de l’environnement qui est primordiale. Jusqu’à présent, nous pensions que c’étaient les développements culturels qui donnaient aux peuples l’opportunité de se déplacer hors d’Afrique. Le passage d’une ère glaciaire à une ère inter-glaciaire a ouvert d’autres voies pour quitter l’Afrique. C’est arrivé une fois, ça a pu se produire à d’autres occasions pendant le quaternaire. »


        Ces recherches nous permettent de tracer les différentes ramifications de l’espèce humaine et de comprendre les raisons et les moyens de sa dispersion dans les différentes régions du monde. Il y a quelques mois, une équipe française avait comparé les séquençages des génomes des hommes de Cro-Magnon (-40 000 à -10 000) et de Neandertal (-250 000 à -28 000) et avait découvert que l’homme contemporain possédait des gènes des deux représentants de l’homme moderne. Les deux groupes, à l’inverse de ce qu’on pensait, se seraient côtoyés et auraient migré ensemble, par petits groupes, hors de l’Afrique natale poussés par des modifications climatiques.

       Ces recherches, hormis l’intérêt strictement scientifiques qu’elles représentent, nous permettent de mieux comprendre ce qu’est l’être humain dans sa diversité et dans son unicité. Question éminemment politique puisque les visions que nous avons de l’origine de l’homme ont des conséquences sur l’idée que nous nous faisons de nous et des autres. Ces études nous montrent qu’à partir de racines communes les hommes se sont déplacés et se sont développés parallèlement, s’entrecroisant partiellement au fil des temps. Se poser la question des points communs au lieu de se concentrer sur les différences visuelles entre les hommes, penser l’être humain comme un ensemble permet de mieux comprendre ses différences et de les accepter. 

     On pourrait opposer à ces remarques relatives à l’état des recherches scientifiques qu’elles sont d’un intérêt plutôt médiocre, qu’on sait que les hommes appartiennent à la même espèce, mais il est important de souligner que ce genre d’études scientifique ressoude l’être humain dans une histoire commune. 

Tunisie : Rachid Ammar, le général qui a refusé de tirer sur la foule

Le Général qui a réussi à faire ouvrir les yeux de la France sur la situation en Tunisie, et à faire fermer la bouche d’Alliot-Marie. 



            On parle beaucoup de la « révolution de jasmin » pour traiter des séries de manifestations, d’insurrections et des immolations par le feu en Tunisie qui se sont déroulées de décembre 2010 à janvier 2011. Ces « révolutions colorées » sont supposées caractériser les transitions démocratiques pacifistes sur le modèle de la « révolution des œillets » qui conduisit à la chute de la dictature de Salazar en 1974. Dès lors, ces soit disant révolution pacifiste sont devenue un label, une sorte de modèle de transition démocratique unanimement accepté et reconnu par la communauté internationale comme la volonté d’un peuple à aspirer à un régime démocratique, à s’autodéterminer pour reprendre la terminologie onusienne. Le recours à ces dénominations colorées agit comme un moyen de séparer le bon grain de l’ivraie des révolutions populaires : en Géorgie, en Ukraine, au Kirghizstan on parle de révolutions colorées alors qu’en Géorgie ou en Tchétchénie on parle de terrorisme ou d’autoproclamation d’indépendance.
 Cette distinction artificielle à souhait répond principalement à des intérêts géopolitiques et économiques formulées par les grandes puissances industrielles de la communauté internationale.
En ce qui concerne la Tunisie, le basculement d’un traitement insurrectionnel à un traitement de révolution coloré s’est opéré assez rapidement. Initialement, la France, par la voix de la ministre de l’intérieur Michèle Alliot-Marie, considérait ces évènements comme un trouble à l’ordre public. Elle proposait les services de le France pour le maintien de l’ordre : 

« On ne peut que déplorer des violences concernant des peuples amis […]Je rappelle que cela montre le bien-fondé de la politique que nous voulons mener quand nous proposons que le savoir-faire de nos forces de sécurité […] permette de régler des situations sécuritaires de ce type. » « C’est pourquoi nous proposons […] de permettre, dans le cadre de la coopération, d’agir dans ce sens, afin que le droit de manifester soit assuré de même que la sécurité. »
          Le gouvernement français ne considérait pas que la situation tunisienne répondait à une volonté de transition démocratique mais plutôt à des heurs populaires qu’il faut encadrer, voire réprimer lorsqu’ils devenaient trop virulents. Fait notable, il y avait déjà eu près d’une centaine de morts dans les affrontements entre militaires et manifestants ! C’est à partir du moment où le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Rachid Ammar, s’est opposé aux ordres de tirer sur la foule de manifestant que la vision internationale a commencé à se ranger du côté du peuple tunisien. Les appels à la révolution, les images de tunisiens ensanglantés, les grèves massives, les revendications formulées sur les réseaux sociaux (Facebook, Tweeter) et les autres appels au changement de régime doivent en grande partie le fait d’être passé d’un traitement en termes de faits insurrectionnels à celui d’une démocratisation à la désobéissance de Rachid Ammar. 

      
            Fait assez remarquable, Rachid Ammar est un militaire qui à participé au renversement de Ben Ali, qui soutient la révolution nationale et promeut une concertation populaire pour la détermination de la Tunisie du futur. Rares sont les renversements de régimes auxquels l’armée à participée sans tenter de conserver le pouvoir. Restant, pour l’instant, à sa place de militaire et non d’homme politique, Ammar encourage la population a aller de l’avant car Ben Ali est en exil et le gouvernement de transition s’épure petit à petit des ses anciens alliés. 
« Vos demandes sont légitimes. Mais j'aimerais que cette place se vide, pour que le gouvernement travaille, ce gouvernement ou un autre […] le vide engendre la terreur, qui   engendre la  dictature. »
           Le plus difficile reste à faire : trouver des terrains d’entente, former des coalitions, apprendre ou réapprendre le jeu démocratique et former des institutions stables garantissant les libertés. C’est plus difficile à faire que laisser s’installer une dictature, ça va créer de nouveaux conflits…amis cette fois ci, ce sera du côté des idées.

26 janv. 2011

« Les anges s’habillent en caillera », un polar urbain à la française qui au lieu de parler de la banlieue fait imaginer la banlieue

            
         La banlieue est un vaste sujet de société traité dans l’actualité par une série de faits divers délictuels aboutissant à la construction d’une image clichée de la périphérie urbaine. C’est à partir de cet univers que Saint Denis vient de se doter de son livre, Les Anges s’habillent en Caillera, aux éditions Moisson Rouge. Romain noir, urbain et de gangster, Les Anges oscille constamment entre anecdotes véridiques, chronique d’un quotidien foisonnant de rencontres et d’histoires, et fiction narrative. Cinématographique à souhait, Les Anges s’habillent en Caillera est emprunt d’une culture transversale qui mêle avec intelligence et style l’argot si cher aux polars classiques avec un langage urbain verlan ponctuée d’expressions en arabe soumettant une vision de la langue française en évolution sans jamais se détacher de ses bases, n’en déplaise à Florent Pagny.  

          Inspiré de la vie du Marseillais, un « artiste du vol » bien connu à Saint Denis, le roman suit ce voleur à la ruse qui vient de sortir de prisons après 18 mois de cachot et qui se met en quête de la balance qui l’a conduit derrière les barreaux. Comme une sorte de Scarface à la française, on suit la montée en puissance du Marseillais, son accession au rang d’escroc de base étrangement doué, ses questionnements, ses combines et ses périls. C’est à partir de ce pitch, assez classique en somme dans le genre des histoires de gangster, que ce roman noir développe une intrigue où se croisent des flics corrompus, des anecdotes surréalistes, des balances en quête de rédemption et des galères de potes pour nous faire plonger dans un univers rythmé par la violence, la poésie et l’humour. Saint Denis y tient une place particulière : lieu des intrigues et personnage à part entière du roman, la ville se dévoile aux lecteurs tantôt par des descriptions quasi-ethnologique, tantôt aux recoins des ruelles où se passent les combines.
Dans ce chassé croisé d’histoires qui se recoupent, une intrigue palpitante et touchante nous donne une vision artistique d’un habitant de Saint Denis, un enfant du coin qui manie les histoires, les « dossiers » du quartier.
Les Angles s’habillent en Caillera n’est pas un livre faisant la promotion de la banlieue, voulant lui donner un nouveau visage et couper court aux préjugés. Il s’agit bel et bien d’un ouvrage de littérature, une fiction qui prend ses racines dans une réalité ancrée et qui s’envole dans un éventail de délires, qui n’a qu’un but…faire kiffer ! Ce roman noir est également exceptionnel au regard des élans de motivation parallèles qu’il a suscité : des courts métrages ont été réalisés à partir de scènes du livre et des extraits du roman sont adaptées en théâtre de rue, des illustrations ont été dessinées par Berthet One et une série littéraire s’en est inspiré. On y retrouve l’aspect fortement cinématographique du livre et les bandes son qui y vont avec (pas étonnant qu’Oxmo Puccino ait d’ailleurs préfacé le bouquin, vous serez également surpris des références musicales…on passe de Renaud à 50 cent d’une page à l’autre).

Comme l’explique l’auteur du livre qui n’en est pas à son coup d’essai, Rachid Santaki, « en banlieue, il n’y a pas que le foot et le rap », il y a aussi des livres, des gens pour les écrire et surtout des gens pour les lire. C’est d’ailleurs un des objectifs de la collection Le Syndicat (collection de romans urbains de la maison d’édition Moisson Rouge et dont Les Anges est le premier titre et association littéraire) : perpétuer et réactualiser le fait que lire est exaltant ainsi que de trouver des bons petits romains écrits par personnes qui a priori n’auraient jamais pensé avoir un talent d’écriture. De plus, le roman noir et le polar sont des styles qui se prêtent bien à l’innovation linguistique, il suffit de se rappeler l’origine de l’argot et de revoir ou relire un peu d’Audiard.

Pour le plaisir, mon court métrage préféré sur un extrait du livre :

 


Les Anges s’habillent en Caillera, Rachid Santaki, Ed. Moisson Rouge. Paru le 20 janvier 2011. 18€. Disponible dans les bonnes librairies et à la Fnac.
Moisson rouge  (clin d'œil au roman de Dashiell Hammett) est une jeune maison d’édition française de romans noirs avec une vingtaine de livres à son catalogue: www.moisson-rouge.fr
 

17 janv. 2011

De l’art de trouver des solutions au Congrès américain . . . comment l’insolite en dit beaucoup sur la difficulté de se mettre d’accord


Qu’il s’agisse des États-Unis ou de l’hexagone, les débats parlementaires pâtissent globalement d’une image peu glorieuse. Les retransmissions des discussions au sein des hémicycles sont généralement assimilées à de longues tergiversations parfois incompréhensibles, voire ennuyeuses. On y associe souvent de députés ou sénateur endormis, absents ou s’occupant tant bien que mal sur une gameboy. C’est oublier qu’à certains moments, des décisions cruciales sont prises et des discours enflammés donnent tous son sens à la représentation nationale.
 Ce billet ne se consacre à aucun de ces cas de figure ! Ni endormis, ni vigoureux, les sénateurs et représentants dont nous allons parler font face à un cas de figure inédit…une crise interne dont chacun pense avoir la solution.
En 2008, la Commission sur l’Energie et le Commerce de la Chambre des représentants (Le Congrès est composé de la chambre des représentants -435 élus- et du Sénat -100 élus-) débattait des initiatives de réduction des émissions de carbone quand, oh drame, une chauve-souris déboule dans la salle ! Stupeur, il est impossible de travailler en présence d’une chauve-souris…les débats s’arrêtent, un autre démarre.

Transcription des échanges entres le Président et les deux vice-présidents de la Commission

Ces retranscriptions  sont des extraits des débats. Petit florilège:

M. Ingersol (Président de la Commission) : « Je propose un vote plénier sur la chauve-souris qui est piégée dans cette chambre depuis 15 minutes. Que tous ceux qui se déclarent en faveur de la capture de la chauve-souris disent « Hey ». [« Hey » général] « Il est clair que la majorité approuve cette requête. »
« Nous pourrions éteindre les lumières et ouvrir les fenêtres, la chauve-souris s’en ira ». [Nous pouvons déjà remarquer la connaissance approfondie du Représentant du fonctionnement des animaux diurnes…qui comme chacun le sait, et comme l’adjectif « diurne » l’indique, sont attirés par la lumière…]
M. Mc Cullough : « Je ne suis pas d’accord ! Je propose que nous capturions cette chauve-souris et la relâchions dehors. »
M. Ingersol : « Non, elle est bien trop rapide. »
M. Mc Cullough : « Je me rappelle avoir lu que dans des situations pareilles il convient de mettre de l’eau mélangé avec du sucre dans un récipient pour attirer la chauve-souris et l’emprisonner. » [Serait-il possible qu’il confonde la chauve-souris avec des abeilles ?]
M. Cummings : « Cela peut prendre des heures. Il nous fait une action immédiate ! Je propose que nous mettions un bout de fruit sur une table et quand la chauve-souris approche nous la piégeons en l’enfermant dans un récipient. » [Quelques secondes de silence…une personne vient murmurer quelques mots dans l’oreille du Président]
M. Ingersol : « On m’indique que nous n’avons pas de récipients. […] Nous préconisions de bouger plus vite que la chauve-souris. […] Je repropose l’idée des fenêtres. »
M. Cumming : « Je persiste à dire que mon idée du récipient est formidable. »
M. Indersol : « Ce ne devrait pas être un problème difficile à résoudre. Que connaissons-nous des chauves-souris ? »
M. Cummings : « Elle se sont pas mortelles, elles vivent dans des caves et utilisent l’écholocution. »
M. Indersol : « Je pense que M.Cuming voulait dire écholocalisation » [Ah bah quand même, il y en à un qui s’en est rendu compte.]
M. Cumming : « Pour les minutes, confirmez que je voulais bien dire écholocalisation. Je propose que nous appelions mon frère, sa première femme était vétérinaire. »
M. Indersol : « S’il faut téléphoner c’est au 311 [services non-urgent] et avoir un responsable pour les animaux. […] Il y a un an, j’ai passé une après-midi avec une dame de 90 ans vivant en Caroline du Sud. Elle était activement engagée dans sa paroisse et un jour, un oiseau est entré dans l’Eglise et elle s’en est débarrassée en ouvrant les fenêtres et en éteignant les lumières. » [Pas du tout borné celui-là !]
M. Cumming : « Un moment…où est-elle ? Je crois qu’elle est partie. » [En fait, non…on peut la remarquer perchée sur les fioritures derrière le perchoir.]
M. Indersol : « Excellent ! Nous pouvons continuer avec notre agenda sur la réduction des émissions de CO2…AHHHHHH AHHHHHHHH [la chauve-souris lui passe devant le nez] ! Quelqu’un peut-il appeler la sécurité !? »

Il en faut peu pour solliciter autant d’abnégation

                La démocratie est compliquée car ce système politique fonctionne sur l’acceptation d’un projet par une majorité délibérative. On le voit bien avec la chauve-souris : faire sortir une chauve-souris de la salle prend un quart d’heure et cinq minutes de propositions surréalistes ! Chacun y va de son avis, de ses expériences antérieurs pour expliquer à ses pairs qu’il détient la bonne solution. Aucun des membres de la Commission n’est un tant soi peu expert en chauve-souris (on le voit avec les idées saugrenues qu’une chauve-souris est attirée par la lumière ou par de l’eau sucrée) mais tous sont persuadés savoir mieux que les autres.
Cette vidéo est anecdotique. Son caractère insolite ne représente en rien les travaux accomplis dans l’enceinte du Congrès mais est un bon exemple du travail d’acrobate que doit réaliser un parlementaire : proposer un amendement [en l’espèce : comment se débarrasser de la chauve-souris], le faire adopter vite pour produire des effets (Cummings : « il nous faut une action immédiate ! »] et mettre tout le monde d’accord  en délibérant librement (Ingersol : « Que tous ceux qui se déclarent en faveur de la capture de la chauve-souris disent « Hey »). 

C'est drôle, c'est laborieux vu de l'extérieur...et c'est la démocratie: on est ensemble dans le même bateau et on résout ensemble les problèmes. C'est beau! 

Vous pouvez visionner l'extrait ci-dessous. 

14 janv. 2011

Un « créateur » meurt, une poucave prend la place.

      Les « créateurs de possibles », site Internet participatif du parti de la majorité présidentielle serait entrain de succomber faute d’un réel intérêt de la part des internautes et du gouffre financier qu’il représente pour l’UMP (cf. article du Nouvel Obs). Il semblerait qu’a l’aune des élections cantonales et sénatoriales, mais vraisemblablement aussi en prévision des présidentielles, l’UMP met en place une nouvelle stratégie de communication web. On n’osera pas imaginer les brain storming frénétiques rue de la Béotie pour trouver une nouvelle campagne de communication pour remplacer « les créateurs de possible » et surtout pour avoir plus de visibilité.
      La solution a été trouvée, elle est simple et tout le monde l’a déjà essayée dans ça vie…la majorité d’entre nous ne l’a plus fait depuis son 15ème anniversaire : quand on est dans la mouise, qu’on ne sait plus quoi proposer ou qu’on a fait une bourde…on remet tout sur les autres et on balance à foison ! C’est chose faite avec l’UMP, même le FN qui s’évertue à conférer au populisme ses lettres de bassesse n’y avait pas pensé ou pas osé.

On veut de l’info, des révélations… ! Ya pas!? Dans ce cas là du flan ou du vent                      
« L'Observatoire des mensonges de la gauche », la poucave de la politique qui depuis la nouvelle année a décidé de « dénoncer les mensonges de la gauche », tout simplement. En fait, en parcourant vite fait le site, on s’aperçoit que « la gauche » qui ment, c’est le PS. Fi des autres mouvements politiques, partis loi 1901 ou non, qui composent également le paysage de la gauche en France.
On pourrait s’attendre à une série d’argumentaire démontrant, qu’on soit d’accord ou non avec le raisonnement, en quoi le PS nous baratine. Le hic, c’est qu’en tant que poucave de premier plan, « l’Observatoire » ne raisonne pas…il balance, des trucs comme ça…sans vraiment de sens, s’en est presque à oublier qu’un jour, en politique, on avait des arguments !
 Petite mise en pratique : l’OMG veut dénoncer les travers, les fausses affirmations de  « l’Egalité réelle » de Benoît Hamon. En théorie, ça fait avancer le débat politique de remettre en question la notion d’ « égalité », de replonger ce manifeste dans la lutte entre différentes générations du PS, etc. Bah, là…non ! L’argument de pointe est que « l’égalité réelle d’Hamon » est une « utopie socialisante et démagogique », voila, c’est tout !
Hey les mecs, « Socialisante »… pour un socialiste…franchement !?! Molo sur les pléonasmes . « Utopie », heureusement sinon on ne ferait pas de politique si ce n’est pour projeter une vision future d’un monde meilleur. 
      On pourrait multiplier les exemples, comme Jésus le pain ou l’OMG les invectives risibles, en voici quelques un en-dessous. Perso, mon préféré : « le PS ment depuis 1997 »…magnifique, on dirait un slogan de marque « XXX… créateur de parfum depuis 1899. »

Si on sort sa tête du Tronc, et qu’on va sur le site de l’INSEE (un vague établissement public qui fait des stats et des probas, pourrait être utile pour un blog de parti politique) on remarque que la destruction des emplois industriels en France date des années  1980, un tantinet en avance les effets dévastateurs des 35h !Bon, vous me direz que c’est surement à cause de l’élection de F. Mitterrand. La perte de ces 12% d’emplois industriels comme conséquence des 35h c’est plutôt fort : le principe des 35h c’est de travailler moins pour permettre d’embaucher des sans-emplois…le hic c’est que bien que sur le papier ça marche parfaitement, dans la réalité la réduction du temps de travail à induit une augmentation de la productivité, et non une baisse ! Faire la même quantité de travail avec le même nombre de travailleurs en moins de temps, en économie ça s’appelle des gains de productivité. Et oui, les gains de productivité limitent la création d’emploi…c’est une équation macroéconomique où, schématiquement, croissance de l'emploi = croissance de la production -croissance de la productivité - évolution durée travail.


C’est oublier que c’est la Loi de Robien qui en 1996 avait posé les base des 35h, certes sur la base du volontariat et dans le but d’éviter un plan de licenciement ou d’embaucher. Va avec un allègement des charges patronales.





Une charte graphique légèrement dérageant par moment, abusée le reste du temps

                Certes il faut rallier, convaincre, lutter et s’investir en politique. Mais de là à aller choper une charte graphique néo-communiste pour prouver visuellement que l’UMP est un parti révolutionnaire…ça me troue le tronc ! Alphabet pseudo cyrillique, du rouge à en devenir alcoolique et des affiches issues de la guerre froide…ça en impose au niveau du style mais, comme les vases communicants, ça fait les poches de la crédibilité !

Quelques captures visuelles pour le plaisir. 
  
Une affiche digne de la guerre froide, qui se passe de commentaire sur le fond..sur la forme c'est plutôt bien gaulé!




















   

On peut « dénoncer » ici…mais l’UMP est un parti politique intègre…il faut marquer son nom ! J’entends certains se préparer à reparler des « heures les plus sombres de notre histoire »…faut pas pousser la comparaison, cette rhétorique adolescente de l’UMP n’est en rien comparable ni semblable aux dénonciations des années 1940. L’OMG est une poucave bête, édifiante par son absence totale de raisonnement, si ce n’est tenter de ternir une réputation.

L’unique question qui me vient en regardant cet Observatoire c’est : Franchement, existe-t-il une personne qui parcours sérieusement ce site, qui soit assez premier degré pour adhérer complètement à cette propagande ?

13 janv. 2011

La recette des vœux 2011 à la Nation du Président de la République, Nicolas Sarkozy


      Les vœux du Président de la République sont un exercice de style bien rodé doublé d’une tentative d’imposer le sien, de style, et de se différencier de ses prédécesseurs. En soi, c’est une recette plutôt simple si l’on suit scrupuleusement les indications. Petite analyse de ce qu’on nous sert, juste pour savoir ce qu’on nous sert à 20h le 31 décembre.

Ingrédients : 1/3 de « crise », 1/3 de « réforme », 1/3 de « le passé c’est mort mais tout ira bien pour le futur ». Mélangez au shaker, adjoindre des « valeurs » pilées en vrac, saupoudrez de quelques fioritures pour la présentation et c’est prêt à être servi sur toutes les chaines de télé et sur Internet.
Suggestion de présentation : plan séquence plein cadre avec de légers focus à peine perceptibles pour les phases émotion.
Mise en garde pour les néophytes de la recette: risque d’indigestion ou de contusion intellectuelle si l’on ingère d’une traire, sans aucune précaution, l’ensemble de la décoction. 

      L’intérêt de comparer les vœux du Président de 2009 avec ceux de 2010 ne consiste pas de faire remarquer un manque totalement subjectif d’originalité ou d’inspiration dans le discours…bon, quoi que.  La mise en relation de ces deux interventions permet de saisir certains schémas de pensé politique, ces structures implicites qui se retrouvent dans le discours politique et qui indiquent les a priori, les usages, les manières de réfléchir et d’agir en politique.

L’immanquable : souhaiter les vœux pour la nouvelle année est hautement symbolique, il faut naviguer entre le bilan de l’année écoulée et la promesse de jours meilleurs. Logique que la trame centrale du discours recouvre l’opposition classique entre un passé difficile et la promesse d’un lendemain qui chante. La crise, toujours elle, déclinée à souhait, est source de souffrances et d’injustice : faire le bilan de l’année, soit, mais on axe les aspects négatifs sur des causes exogènes et universelles…nous n’y sommes pour rien ! Tout se passe comme si l’homme politique -luttant seul contre les aléas du monde, des turpitudes provenant d’on ne sait où (la crise certes, mais on retombe sur le problème de la poule et de l’œuf)- s’impose tel le superman de la plèbe pour nous sauver tous…au « nous » de la représentation nationale s’est substitué le « je » de l’homme d’exception…du « premier représentant national » cher à Pompidou.
2010 : « L'année qui s'achève a été difficile pour tous. Aucun continent, aucun pays, aucun secteur n'a été épargné. La crise économique a imposé de nouvelles peines, de nouvelles souffrances, en France comme ailleurs. Je pense en particulier à ceux qui ont perdu leur emploi. Cependant notre pays a été moins éprouvé que beaucoup d'autres. Nous le devons à notre modèle social qui a amorti le choc, aux mesures énergiques qui ont été prises pour soutenir l'activité et surtout pour que personne ne reste sur le bord du chemin. »
2011 : « L'année 2010 s'achève. Je sais qu'elle fut rude pour beaucoup d'entre vous. La crise économique et financière, commencée il y a 3 ans, a continué à faire sentir ses effets et nombreux furent ceux qui ont perdu leur emploi ce qui n'a fait qu'exacerber le sentiment d'injustice ressenti par des salariés qui n'étaient en rien responsables de la crise. »
Dans le sens du poil : comme au moment, tant redouté, de déballer le cadeau « à côté de la plaque » de tata Jacqueline, on répète d’années en années des compliments préconçus…souvent un peu trop poussés pour être crédibles, juste pour la forme. Que de compliments : « sang-froid », « courage », « sens/esprit des responsabilités », « maturité » et « intelligence collective » ; pour cette dernière j’ai légèrement l’impression qu’on nous prend pour un troupeau en pâturage qui vient d’éviter in extrémis le ravin. La rhétorique de la crise, du pire, du péril à ceci d’utile qu’elle permet de souder un groupe social, en substance : les difficultés que nous venons de subir nous ont rapproché car nous les avons surmontées ensemble. Passé ce lieu commun des roman arlequins, ce message de fraternité occulte simplement le fait que ce « nous », les français en somme, n’est pas homogène, loin de là ! Le pire n’est pas évité pour tous, certains ne l’on connu que de loin, voire que dans les médias alors que pour une foule hétérogène, ce « pire » est encore présent. C’est bien gentil de motiver les troupes mais faut pas non plus les prendre pour des buses…même si, c’est bien connu, les buses ont une forte « intelligence collective ».
2010 : « Je veux rendre hommage ce soir au sang-froid et au courage des Français face à la crise. Je veux rendre un hommage particulier aux partenaires sociaux qui ont fait preuve d'un grand sens des responsabilités, aux associations qui ont secouru ceux qui en avaient le plus besoin, aux chefs d'entreprises -- ils sont nombreux -- qui se sont efforcés de sauver des emplois. Ensemble nous avons évité le pire. »
2011 : « La France a pu affronter une réforme capitale sans violence et sans blocage grâce au service minimum qui a bien fonctionné et à l'esprit de responsabilité des Français qui savaient bien que ce rendez-vous pour douloureux qu'il fut était inéluctable. Je veux rendre hommage à leur maturité et à leur intelligence collective. »
Tempérons l’euphorie : l’opposition « on a évité le pire » et « le meilleur est sur son chemin » n’est pas absolue. De 2009 à 2010 et de 2010 à 2011, nous retrouvons le même discours qu’on peut résumer ainsi : c’était tendu l’année précédente, celle qui vient sera différente mais si ça va être un peu tendu quand même. Déjà, je ne sais plus à quel saint me vouer…, franchement c’est quand la bonne année, 2010, 2011 ou peut-être 2012 ? C’est sur que si un responsable politique national vous explique que tout va bien, que l’année qui vient de s’écouler était pépère et que celle qui vient promet pléthore de vin, de miel et de femmes, on risque de se demander à quoi il sert ! Donc 2010 était la galère, 2011 sera mieux mais pas trop quand même.
2010 : « Mes chers compatriotes, même si les épreuves ne sont pas terminées, 2010 sera une année de renouveau. »
2011 : « Et l'année 2011 s'annonce comme porteuse d'espérance. »
En France on n’a pas de pétrole mais on a des idées : pays des droits de l’homme avec un gouvernement qui ne met pas en place de politiques sectaires et qui n’est, grand dieu, jamais pointé du doit par les institutions internationales ni les ONG, le Président se doit, noblesse d’Etat oblige, de rappeler les valeurs fondamentales du mythe républicain. Petite évolution notable, en 2010 la France défendait ses valeurs, ses idées alors qu’en 2011 elle se défend elle-même…soit, elle est balaise ! Droits de l’Homme, gouvernance, protection de la planète… ne manque plus que « inconditional love and world peace » pour pouvoir recycler le discours en allocution de Miss France.
2010 : « Les idées que la France défend vont pouvoir s'imposer dans la recherche d'un nouvel ordre mondial : plus d'équilibre, plus de régulation, davantage de justice et de paix. Ces idées nous imposent un devoir d'exemplarité. »
2011 : « Elle [la France] défendra la France vigoureusement ses intérêts sans jamais renoncer à ses valeurs, quant au multilatéralisme, au respect des droits de l'Homme, au combat pour le développement et à l'impératif de la protection de notre planète. »

A mon tour je vous souhaite, chez compatriotes, une bonne année 2011…tout court