28 janv. 2011

Tunisie : Rachid Ammar, le général qui a refusé de tirer sur la foule

Le Général qui a réussi à faire ouvrir les yeux de la France sur la situation en Tunisie, et à faire fermer la bouche d’Alliot-Marie. 



            On parle beaucoup de la « révolution de jasmin » pour traiter des séries de manifestations, d’insurrections et des immolations par le feu en Tunisie qui se sont déroulées de décembre 2010 à janvier 2011. Ces « révolutions colorées » sont supposées caractériser les transitions démocratiques pacifistes sur le modèle de la « révolution des œillets » qui conduisit à la chute de la dictature de Salazar en 1974. Dès lors, ces soit disant révolution pacifiste sont devenue un label, une sorte de modèle de transition démocratique unanimement accepté et reconnu par la communauté internationale comme la volonté d’un peuple à aspirer à un régime démocratique, à s’autodéterminer pour reprendre la terminologie onusienne. Le recours à ces dénominations colorées agit comme un moyen de séparer le bon grain de l’ivraie des révolutions populaires : en Géorgie, en Ukraine, au Kirghizstan on parle de révolutions colorées alors qu’en Géorgie ou en Tchétchénie on parle de terrorisme ou d’autoproclamation d’indépendance.
 Cette distinction artificielle à souhait répond principalement à des intérêts géopolitiques et économiques formulées par les grandes puissances industrielles de la communauté internationale.
En ce qui concerne la Tunisie, le basculement d’un traitement insurrectionnel à un traitement de révolution coloré s’est opéré assez rapidement. Initialement, la France, par la voix de la ministre de l’intérieur Michèle Alliot-Marie, considérait ces évènements comme un trouble à l’ordre public. Elle proposait les services de le France pour le maintien de l’ordre : 

« On ne peut que déplorer des violences concernant des peuples amis […]Je rappelle que cela montre le bien-fondé de la politique que nous voulons mener quand nous proposons que le savoir-faire de nos forces de sécurité […] permette de régler des situations sécuritaires de ce type. » « C’est pourquoi nous proposons […] de permettre, dans le cadre de la coopération, d’agir dans ce sens, afin que le droit de manifester soit assuré de même que la sécurité. »
          Le gouvernement français ne considérait pas que la situation tunisienne répondait à une volonté de transition démocratique mais plutôt à des heurs populaires qu’il faut encadrer, voire réprimer lorsqu’ils devenaient trop virulents. Fait notable, il y avait déjà eu près d’une centaine de morts dans les affrontements entre militaires et manifestants ! C’est à partir du moment où le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Rachid Ammar, s’est opposé aux ordres de tirer sur la foule de manifestant que la vision internationale a commencé à se ranger du côté du peuple tunisien. Les appels à la révolution, les images de tunisiens ensanglantés, les grèves massives, les revendications formulées sur les réseaux sociaux (Facebook, Tweeter) et les autres appels au changement de régime doivent en grande partie le fait d’être passé d’un traitement en termes de faits insurrectionnels à celui d’une démocratisation à la désobéissance de Rachid Ammar. 

      
            Fait assez remarquable, Rachid Ammar est un militaire qui à participé au renversement de Ben Ali, qui soutient la révolution nationale et promeut une concertation populaire pour la détermination de la Tunisie du futur. Rares sont les renversements de régimes auxquels l’armée à participée sans tenter de conserver le pouvoir. Restant, pour l’instant, à sa place de militaire et non d’homme politique, Ammar encourage la population a aller de l’avant car Ben Ali est en exil et le gouvernement de transition s’épure petit à petit des ses anciens alliés. 
« Vos demandes sont légitimes. Mais j'aimerais que cette place se vide, pour que le gouvernement travaille, ce gouvernement ou un autre […] le vide engendre la terreur, qui   engendre la  dictature. »
           Le plus difficile reste à faire : trouver des terrains d’entente, former des coalitions, apprendre ou réapprendre le jeu démocratique et former des institutions stables garantissant les libertés. C’est plus difficile à faire que laisser s’installer une dictature, ça va créer de nouveaux conflits…amis cette fois ci, ce sera du côté des idées.

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