28 sept. 2011

David Douillet a tombé le kimono mais le ministre n’est pas « une tapette »

David Douillet s'en prend à un homosexuel

Fraîchement nommé ministre des sports (où est donc passée la jeunesse ?) David Douillet se voit rappeler quelques-unes de ses frasques peu glorifiantes. Entre propos homophobes et considérations misogynes sans équivoque, l’ex médaillé d’or de judo fait une rentrée ministérielle qui n’augure que du bon pour l'UMP après sa débâcle aux élections sénatoriales.

          L’ancien sportif devenu, grâce à sa proximité avec le Président Nicolas Sarkozy, député des Yvelines (joli parachutage au passage), puis rameuté au secrétaire d’État des français à l’étranger vient de se voir consacré au poste de ministre du sport ! Outre la jeunesse qui s’est faite exclure de l’appellation officielle du marocain (d’un côté Mr pièces jaunes à 42 ans), cette nomination à fait ressortir certains traits de caractère du gentil géant. 

La femme à la maison, avec les gosses et la popote. 

          On ne parle pas ici de bourdes ni de dérapages mais bien de manières de penser et de voire le monde qui nous ramènent plusieurs décennies en arrière. Dans une autobiographie parue en 1998, David Douillet écrivit :
« Pour moi, une femme qui se bat au judo ou dans une autre discipline, ce n'est pas quelque chose de naturel, de valorisant. Pour l'équilibre des enfants, je pense que la femme est mieux au foyer. »
« C'est la mère qui a dans ses gènes, dans son instinct, cette faculté originelle d'élever des enfants. Si Dieu a donné le don de procréation aux femmes, ce n'est pas par hasard. [...] De fait, cette femme-là, quand elle a une activité professionnelle externe, pour des raisons de choix ou de nécessité, elle ne peut plus jouer ce rôle d'accompagnement essentiel. [...] Je considère que ce noyau est déstructuré. Les fondements sur lesquels étaient bâtie l'humanité, l'éducation en particulier, sont en partie ébranlés. »
David Douillet nous fait l’honneur de partager sa vision de la femme, de l’homme et de l’organisation sociale en croisant un discours religieux archaïque avec une pseudoscience naturelle voulant que les « gènes » et « l’instinct » de la femelle (parce que c’est bien de ça qu’il s’agit : la femme est cantonnée à un rôle de reproductrice avec un « don de procréation ») expliquent sa soumission dans la société et son cantonnement à la sphère privée. Je vous passe son explication de la séduction d’une femme joliment comparé à « l’excitation de la chasse »….du grand art !

Misogyne oui, mais peut mieux faire

            La sottise n’a pas de limites. La femme est faible, et l’homme qui ne chasse pas la femme, l’homme qui n’est pas macho est « une tapette ». CQFD imparable pour Douillet. Toujours dans ce même ouvrage, le gentil géant plaidait sa cause de macho en s’enfonçant expliquant :
« On dit que je suis misogyne. Mais tous les hommes le sont. Sauf les tapettes ! »

          Joli raisonnement et formulation de premier choix.  Cette fois on ne peut pas tenter de nous refaire le coup de l’auvergnat : ce n’était ni une blague sorti de son contexte, ni un abus de langage vu que c’est écrit dans un livre (ça prend du temps et ça nécessite du recul) ! Hormis le cliché de base voulant que l’homosexuel masculin ne soit pas un homme, Douillet réactive aussi celui du « sportif con ». 

         Douillet -ce n’est qu’on nom il n’est pas vraiment douillet car il l’a bien rappelé, ce n’est pas « une tapette »- est, selon le site Mission Chrétienne, « le premier chrétien évangélique à être nommé ministre des Sports en France ». Bel ambassadeur de la religion ! Allier dans le même livre un syllogisme homme=macho donc homme pas macho= tapette avec « la chasse » de la femme, pardon la femelle, pour la mettre bien au chaud dans sa caverne, pardon sa maison, sous couvert de parole Divine présage 7 mois d’actualité ministérielle magnifique. 

       Déjà que Roselyne Bachelot s’est pas privée pour taclée le judoka : « sexiste et homophobe » selon la ministre, « il a des progrès à faire David! ». On attend la suite comme ses discours pour motiver les équipes féminines sportives et voir ce qu’il a à dire sur le handisport…




Bachelot : David Douillet "a des progrès à faire" par Europe1fr

23 sept. 2011

Cécile Fontaine, la jouvence de Sarkozy


Le 14 septembre, le Président de la « République irréprochable » Nicolas Sarkozy a imposé une de ses obscures collaboratrices au plus haut grade à la cour des comptes contre l’avis des magistrats de la juridiction financière administrative. Qualifié d’ « inhabituel, inconvenant et choquant » par le Président de l’association des magistrats, ce parachutage semble bien pratique à quelques mois des élections présidentielles surtout que ce derniers mois ont vu les affaires de mallettes remplies de billets refont surface

            La Cour des comptes est une juridiction financière de l'ordre administratif en France. Il lui incombe notamment de contrôler « la régularité des comptes publics » dans son sens large, ce qui englobe autant l’État que les établissements publics, les entreprises publiques, la sécurité sociales que les entités privées collaborant avec la puissance publique. Sa fonction historique consiste à s’assurer que le monarque ou chef de l’État n’abuse pas de sa position pour glaner quelques sous ici là mais également pour vérifier du bon usage des deniers publics. On voit tout de suite l’intérêt d’une telle institution et de l’indépendance de ses magistrats en démocratie. 

On a beau voir l’intérêt de la cour des comptes, le Président de la République a quand même imposé Cécile Fontaine à la Cour des comptes. Pour la forme, deux jours avant la « nomination » de l’ancienne conseillère  Défense, finances publiques et réforme de l’État (des thèmes objectivement connexes il faut l’avouer) au grade de conseiller maître, l’exécutif a demandé l’avis du Président de la cour des comptes, Didier Migaud. L’avis rendu fut défavorable. Mais comme avec le Président Sarkozy « tout devient possible », sa protégée s’est quand même retrouvée au Palais Cambon.

L’association des magistrats de la Cour des comptes ont fait savoir leur indignation face à cette pratique en expliquant qu’ 
« il est sans précédent que l’autorité de nomination passe ainsi outre à un avis négatif de la juridiction. Prononcée contre l’avis des plus hautes autorités de la Cour, cette nomination, si elle est juridiquement régulière, témoigne d’un inquiétant manquement aux principes qui régissent depuis des décennies le fonctionnement d’une juridiction indépendante ».
            Régulièrement la Cour des comptes pointe du doigt les négligences, les insuffisances et les défauts dans la gestion financière d’un gouvernement qui légitime n’importe quelle réforme par des contraintes budgétaires. Dernier cas en date, les résultats médiocres de la politique sécuritaire au regard des sommes engrangées. On comprend que le Président Nicolas Sarkozy n’ait pas vraiment envie de suivre le simple avis des magistrats en ce qui concerne la « nomination » de ses membres. 

Avec les épisodes du financement occulte de la vie politique : les mallettes bourrées de liasses provenant d’un peu partout, cette nomination fait tâche. C’est donc dans une « position délicate » que se trouve le Président Sarkozy, comme aime à l’explique l’Express (c’est pour dire !), en raison de l’affaire Bettencourt, les confidences de Michel Bonnecorse, les accusations révélées par l’affaire Takieddine. Rajoutons à ça un vent de mépris pour la Cour des comptes et son contrôle financier et le financement de la vie politique s'obscurcie.