25 févr. 2011

« La gauche m’a tuer » ou comment tenter de faire oublier les bourdes de la majorité présidentielle

Apres l’euthanasie, passée inaperçue et n’ayant suscité strictement aucune réaction, des « Créateurs de possibles » qui finalement n’ont rien crée hormis un gouffre financier et  le lancement de « l’Observatoire des mensonges de la gauche » dont on n’entend guère parler ;  l’UMP initie un nouveau projet pour essayer de faire oublier les multiples bourdes allant de Michèle Alliot-Marie à Brice Hortefeux en passant par Boris Boillon : « La Gauche m’a tuer », une sorte de répertoire des mauvaise choses que la gauche…en fait le PS quand on y regarde de plus près…a fait depuis 1981. 

                Contrairement aux deux précédents sites,  « La Gauche m’a tuer » ne se revendiques pas de l’UMP et ne faut aucune allusion dithyrambique au Président Sarkozy…c’est vrai qu’il ferait mieux de se faire un peu oublier. Caché, telle une mygale attendant que sa proie passe, le caractère UMPiste du site  est flagrant. Cela se remarque par le travail scrupuleux, voire légèrement monomaniaque, de dénigrement des figures de proue du PS. Mais là encore, ce travail confié à la Web agency de la rue de La Boétie pèche par un manque d’originalité dans le discours. Certes, l’UMP est dans une mauvaise passe, la majorité présidentielle s’effrite, les sondages affolent l’Elysée, Matignon, le parlement et les scandales à répétition font craindre à tout ce petit monde que pour 2012, ça risque d’être compromis ! 



Quoi qu’il en soit, « La gauche m’a tuer » reprend une formule qui semble ne pas marcher : dénigrer l’opposition pour que la débâcle de la majorité soit moins visible. La même démarche que pour « l’Observatoire des mensonges de la gauche », dont vous pouvez trouver un article sur ce blog.  

Une idée à rentabiliser, faute de mieux

                On reprend les mêmes et on recommence : DSK, Aubry, Royal, Hollande et compagnie sont mis en scène dans un concours de « classement anti-jeune ». On vote et on voit qui est le plus anti-jeune. Une vidéo met tout ce petit monde en scène dans une animation plutôt réussie techniquement mais avec un fond toujours autant abjecte de rhétorique. Sur un fond sonore reprenant l’hymne des partisans italiens Bella Ciao, la vidéo nous montre le manoir du PS où des jeunes sont torturés par les figures de la gauche plurielle. Alors que quelques giclures de sang jaillissent des jeunes, on peut lire des explications convaincantes à la pointe de l’argumentation politique, à en faire pâlir Robespierre  :
Hollande « préfère les jeunes déjà endettés. Programme présidentielle de 2002 »
 Aubry « préfère les jeunes sous-payés et précaires. Emplois jeunes 1997-2002 »
DSK « a oublié les jeunes dans son programme présidentiel de 2002 »
Une telle force argumentaire, déployée avant autant de panache…c’est rarement vu ! Surtout qu’il y des vraies choses à critiquer, mais il semblerait qu’il soit plus aisé de donner dans le creux, c'est un style en vogue du côté du Grand Palais. D’un côté, vu l’actualité politique des derniers mois on ne peut pas leur reprocher de suivre la classe gouvernementale. 

                Autre idée en filigrane depuis 2002 et reprise dans ce nouveau site : fait croire que les révolutionnaires sont à l’UMP. Bella Ciao en fond sonore, la typographie cyrillique et le style stakhanov de « l’Observatoire des mensonges de la gauche » tentent de mieux faire passer cette supercherie. Seul élément de nouveauté, l’UMP n’apparait pas directement sur le site : aucun sigle, ni liens vers l’UMP…on croirait qu’il est développé par des non-militants. On remarque seulement qu’un des auteurs, Boris Wrona, se trouve être le Président des jeunes sarkozystes du Puy de Dôme. Un autre est Conseiller départemental de l'UMP Côte d'Or, etc. 

Tout ce petit beau monde s’érige en défenseur révolutionnaire de la jeunesse, des valeurs qui nous animent et des idéaux que nous portons à la boutonnière. Dans leur « manifeste », encore un terme connoté de gauche repris pour l’occasion, ces UMPistes cachés nos proposent une vision du monde où si vous avez plus de 30 ans vous êtes, selon eux, contre les droits de l’homme, surement raciste, radin et amoral. Vu qu’ils sont jeunes, ils se permettent d’employer des mots comme « que dalle »…parce que, c’est bien connu, pour attirer un jeune il faut lui parler comme à un con…si si !
 « Pour notre génération celles des 16-30 ans, la Gauche est symbole d’égalité, d’humanisme, de générosité, de social. Pour notre génération, il paraît normal d’apporter sa voix à la Gauche. Et c’est ce que nous faisons à 80 %. Notre génération se sent spontanément de Gauche, car celle-ci est censée défendre des valeurs qui nous touchent, celles auxquelles, nous les jeunes croyons et nous reconnaissons. »
« Seulement qu’a fait cette Gauche durant ces 30 dernières années, après 19 ans passé au pouvoir ? Que dalle !! Si ce n’est la construction de quelques terrains de foot ou basket dans nos quartiers. Comme s’il n’y avait d’autre avenir que d’être un BENZEMA ou un Tony PARKER. » Petite précision, jeunes et banlieue sont deux choses : il  a des jeunes hors des banlieues…si, si. Et en banlieue, comme ailleurs, il y a des jeunes qui font des choses, autre que le sport ou le hip hop. Comme le livre Les anges s’habillent en Caillera de Rachid Santaki !
                Juste un petit rappel à l’attention des jeunes UMP. Le Président de la République se bat (surtout contre lui-même) pour que la langue française soit bien maitrisée et limiter les erreurs de langage. En français, au participe passée, on n’accorde pas avec l’auxiliaire avoir sauf si le complément d’objet est placé AVANT, dans ce cas il s’accorde en genre et en norme avec le complément d’objet.
« La Gauche par sa politique anti-jeune nous a tué ! Elle nous a trahi dans l’action en nous prouvant que toutes ses grandes valeurs ne sont que des conneries ! » Donc là c’est tuée (le « nous » est avant le « a », ou tuer si on veut rester dans la référence à Omar. Pour le second c’est trahie («  la gauche », c’est féminin et c'est avant le « a ».)
                Ce manifeste se clôture par « La jeunesse se nourrit d’espoir et non de calamités ! »… si j’étais vous, je n’irais pas sur ce terrain parce qu’entre un « sarko boy » en slip qui se dit le fils spirituel de kadhafi , une ministre qui ne sait pas quel camp choisir entre soutenir une dictature via une aide de maintien de l’ordre, qui tombe par hasard dans l’avion d’un proche de Ben Ali qui, aussi par hasard, conclue des deals avec sa famille….

Je ne ferais pas trop le malin à dire que la gauche c’est pas bien. car quand on commence à parler de calamités...il ne suffit pas d'aller bien loin pour voir les circulaires transmises à la police demandant de cibler certaines populations, idem pour la création d'un ministère de l'identité nationale et de l'immigration, les auvergnats, les magouilles à la Woerth, etc. A bon entendeur...

22 févr. 2011

« Sarko boy » en slip : le style Sarkozy, Photoshop en moins

Pour officialiser la transition démocratique tunisienne, le Quai d’Orsay a nommé un nouvel ambassadeur en Tunisie : Boris Boillon. Autoproclamé  « Sarko Boy », un genre de suppôt de Sarkozy je présume, le premier représentant de l’État en Tunisie a déclenché une vivre polémique quant à sa gouaille insultante…De la diplomatie à la sarkozy, pure jus, en vidéo et en slip !

                Le centre du problème réside dans la manière dont Boris Boillons a répondu à une série de questions concernant l’affaire du voyage de Michèle Alliot-Marie financé par des deniers tunisiens, agrémenté des contrats conclus entre des proches de Ben Ali et les parents de la ministre de l’intérieur. A cela se rajoute une série de mensonges de la part de la ministre : Aziz Miled  qu’elle aurait « croisé par hasard » (bon parfois, le hasard fait bien les choses quand même) et qui serait un « homme extrêmement respecté dans son pays », etc. Idem pour l’offre gracieuse, proposée en séance à l’Assemblée histoire d’officialiser la chose, de « coopération » en matière de « savoir-faire de nos forces de sécurité » pour « permettre de régler des situations sécuritaires de ce type. »

                Etonnant donc que lors de la conférence de presse du 17 février, symbolisant l’investiture du nouvel ambassadeur, les journalistes aient voulu savoir quelle était la position officielle de l’État sur ces évènements à cheval sur le régime de Ben Ali et la transition démocratique. Mais, pour Boris Boillon, les questions sur Michèle Alliot-Marie sont des « trucs débile »…on aurait pu y voir des questions légitimes sur l’orientation politique français en Tunisie, sur l’incidence que les rapports entretenus entre Ben Ali et le gouvernement français auraient dans la formation d’un nouveau gouvernement en Tunisie…mais non, ce sont des « trucs débiles ». 

N’est pas « Sarko Boy » qui veut

                Le « Sarko Boy » comme il aime à s’appeler, suivant les habitudes de son mentor, ne se laisse pas impressionner…loin de là comme nous le montre sa réaction à l'affaire Michèle Alliot-Marie! L’agressivité verbale de Président de la République s’y retrouve tout autant que l’art de s’embourber au moindre faux pas :
« Michèle Alliot-Marie […] vous croyez que j’ai des commentaire à faire ? Moi je ne suis pas au courant. Pourquoi vous me parlez de ça ? C’est lamentable, c’est nul ! Donc n’essayez pas de me faire tomber sur des trucs débiles ! Franchement, franchement, vous croyez que j’ai ne niveau là ? Vous croyez que moi je suis dans la petite phrase débile ? Moi je sui là pour exposer une philosophie. Moi je suis pour le contrat de confiance entre nous. »
On croirait entendre feu le duo comique/absurde Dominique Payet et Françis Lefebvre lorsqu’il s’agit d’éluder des questions embarrassantes et la hargne de Nicolas Sarkozy quant on ose lui tenir tête. C’est marrant, chez ces hommes politiques sarkozystes,  cette manie de faire des phrases insultantes quand on se sent acculé ! Mais il tient quand même à nous « ouvrir son cœur, à nous ouvrir [ses] livres » (le coup des livres j’ai pas entièrement compris…et vous ?). Nommé en Tunisie « faciliter les échanges », comme Boris Boillon l’affirme au début des l’entretien, la tâche n’est pas mince surtout lorsqu’on prend comme modèle Nicolas Sarkozy, l’herzatse du compromis, le weight watcher  de l’écoute sincère et compatissante ! 

La rhétorique est également présente : pâle copie des envolées lyriques de notre Président de la République, Boillon  veut nous « exposer la philosophie » qu’il résumé par un slogan commercial on-ne-peut plus chose des Sarkozy : « le contrat de confiance » de Darty ! Cette « philosophie » qu’il tient tellement à nous exposer se résume à un adage bien connu : « prend garde à toi si tu me chies dans les bottes ». Tout y passe : « fluidifier la circulation entre nos deux pays [la Tunisie et la France] » mais « c’est pas des allègements » dans la procédure d’obtention des visas car il s’agit « juste de faire en sorte que les choses de fluidifient ». 
Pendant un instant les journalistes en cru que la politique d’immigration française allait s’assouplir…faut pas rêver, il est quand même le « Sarko Boy ». C’est là qu’il embraye sur…le tourisme ! Ah, en fait il s’agissait de faciliter les échanges touristiques… pas étonnant qu’on retombe sur MAM après !

Tout comme le « original Sarko », le « Sarko boy » est un fan à part entière du Président. Lui aussi il pose en maillot de bain et s’affiche sur la place publique. Bon, certes il y a une légère différence de carrure, de taille, de poids et de style de maillot de bain, mais on a dit qu’on ne parlait pas du physique (on pourrait jouer au jeu des 7 erreurs). Là ou le Sarko avait recours à Photoshop pour gommer ses bourrelets, le « Sarko Boy » semble, à preuve du contraire, ne pas en avoir besoin.

Il est juste étonnant, effarant voire déprimant de constater que des hauts responsable politiques s’affichent d’eux même en slip, abdos contractés et regard à la George Clooney sur les réseaux sociaux. On dirait à s’en méprendre une annonce Meetic. Je ne sais pas pour vous, mais je perdrais en capital crédibilité auprès de mon employeur si mes photos de vacances tombaient dans le domaine public.  C’est à croire que la politique étrangère française  de Nicolas Sarkozy auprès de la Tunisie n’est pas une affaire sérieuse. 


Faut pas s’étonner si après tant de mépris et de prétention, la « philosophie » du « contrat de confiance » suscite des manifestations !


14 févr. 2011

Michèle Alliot-Marie : l’avion et la femme


Un court billet pour livrer une autre vision de l’affaire Michèle Alliot-Marie...nettement plus positive pour le droit des femmes!


                En 1983, l’écrivaine Françoise Giroud annonçait que « la femme sera vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignera une femme incompétente » ! Grâce aux vacances de Michèle Alliot-Marie il semblerait que ce soit chose faite : taxée d’ « incompétence » ou plutôt de manque de recul et de jugeote (ça le fait mal pour un ministre d’être aussi mal renseignée), notre ministre rejoint le rang des membres mâles du gouvernement Fillon qui se ridiculisent/s’affichent par leurs frasques. Bye Bye la peur d’être taxée de misogynie à la moindre critique…elle subit le même traitement !
Hortefeu, Besson, Woerth and Co n’ont plus l’apanage de la bêtise instantanée. Rama Yade et Fadela Amara s’étaient également illustrée par des fresques pittoresques, voire rupestres, mais avec MAM Airlines, les femmes en politique semblent se positionner sur un pied d’égalité  par rapport à leurs compères masculin. Dommage que ce ne soit pas pour quelque chose de constructif, mais au moins il y a une pilote dans l’avion !
 !

8 févr. 2011

Sarkozy : tout devient possible avec Laëtitia

Une fois n’est pas coutume, Nicolas Sarkozy nous montre que son « tout devient possible » de 2007 est toujours d’actualité…surtout lorsqu’il s’agit de tendre un doigt à la main de la justice ! 


L’affaire Laëtitia, comme on l’appelle maintenant, fait couler beaucoup d’encre et les représentants politiques ne se privent pas pour y aller de leurs avis et alimenter la polémique. A l’origine des piailleries, quelques phrases prononcées par Nicolas Sarkozy ont déchainées les passions…pour changer. Le 3 février, il prononça un discours face caméra, les yeux humides et le ton grave, expliquant que le décès de Laëtitia traduisait des « dysfonctionnements graves » de la justice et que « ceux [les magistrats] qui ont couvert ou laissé faire cette faute, seront sanctionnés » car « quand on laisse sortir de prison, un individu présumé coupable […] c’est une faute […] ceux qui ont couvert ou laissé cette faute » seront punis… etc.  

Une petite analyse d’extraits de ce discours politique, en surface, nous permet de mettre en avant quelques schémas de pensée de notre cher Président de la République. 

Ancien avocat, d’affaires certes mais néanmoins supposé toucher un peu sa bille en libertés fondamentales, M. Sarkozy a inventé une notion à la limite des pratiques (j’ai bien dit « à la limite ») courants dans les États totalitaires…la « présomption de culpabilité » ! En tant que réformateur tout azimuts,  notre Président vient pisser dans les bottes de la « présomption d’innocence » (celle là existe vraiment, article 9 DDHC), notion vieille de plus de deux siècles. Soit Nicolas Sarkozy tente désespérément d’assoir des réformes sécuritaires sur un quelconque problème de société crée de toute pièce, à savoir le laxisme de juges (bizarre d’ailleurs qu’il n’ait pas réexpliqué que tout ça c’est la faute à Mai-1968), soit il tient à confirmer à demi-mots ce qu’Alain Garrigou (professeur de Science politique à l’Université Paris X-La Défense) avait remarqué en fouillant les archives : que notre Sarkozy n’a pas eu son DEA ! (oui…bouh!!)
 
« Disfonctionnement grave de la justice » : le détenu avait purgé sa peine et était sorti de prison comme les codes pénaux le disposent. Soit le Président Sarkozy voulait dire « disfonctionnement grave du parlement » parce que les deux chambres n’ont pas voté d’arsenal législatif allant dans son sens, soit ce qu’il dénomme « dysfonctionnement grave » fait référence à des juges qui prennent des indécisions indépendamment des autres pouvoirs et donc pouvant aller contre sa volonté. Faudrait-il rappeler au Prédisent que les peines et les remises de peine ne sont pas décidées arbitrairement par les juges, et qu’a priori tout s’est passé dans le cadre de la légalité ?!! 
On en oublierait presque de Tony Meilhon n'est pas responsable de l'assassinat de Laëtitia...satané justice laxiste compréhensive avec les récidivistes...tout ça ca vient de Foucault et Deleuze, mois j'vous le dit!
 
                Heureusement que, pour se protéger d’attaques politiques aussi virulentes que celle formulée par Nicolas Sarkozy, les juges ont un atout de taille : un garant de l’indépendance de la justice ! L’article 64 de la constitution de la Vème République dispose grosso modo que le Président est « garant de l’indépendance de la justice »…ah zut ! En fait non, cette dernière remarque n’est pas pertinente vu que le protecteur est l’accusateur…qui plus est juridiquement intouchable !

      Fait surprenant, du côté de l’UMP, ceux qui tentent de protéger la justice viennent du parlement et du parti! Initialement, le Président « garant de l’indépendance » des juges s’est forgé comme un contre pouvoir au parlement…renversement cocasse !
Jean Leonetti, vice-président du groupe UMP : « L'indignation est unanime, mais nous ne devons pas avoir une réaction législative immédiate » ni de « proposition de loi d'opportunité ». Elle est soudée la majorité !
Hervé Novelli, secrétaire adjoint à l’UMP : une « réflexion » sur la récidive devrait durer  « un certain temps pour être féconde » tout en fustigeant « les lois inutiles » qui « affaiblissent les lois nécessaires ».
 Et tac !