8 févr. 2011

Sarkozy : tout devient possible avec Laëtitia

Une fois n’est pas coutume, Nicolas Sarkozy nous montre que son « tout devient possible » de 2007 est toujours d’actualité…surtout lorsqu’il s’agit de tendre un doigt à la main de la justice ! 


L’affaire Laëtitia, comme on l’appelle maintenant, fait couler beaucoup d’encre et les représentants politiques ne se privent pas pour y aller de leurs avis et alimenter la polémique. A l’origine des piailleries, quelques phrases prononcées par Nicolas Sarkozy ont déchainées les passions…pour changer. Le 3 février, il prononça un discours face caméra, les yeux humides et le ton grave, expliquant que le décès de Laëtitia traduisait des « dysfonctionnements graves » de la justice et que « ceux [les magistrats] qui ont couvert ou laissé faire cette faute, seront sanctionnés » car « quand on laisse sortir de prison, un individu présumé coupable […] c’est une faute […] ceux qui ont couvert ou laissé cette faute » seront punis… etc.  

Une petite analyse d’extraits de ce discours politique, en surface, nous permet de mettre en avant quelques schémas de pensée de notre cher Président de la République. 

Ancien avocat, d’affaires certes mais néanmoins supposé toucher un peu sa bille en libertés fondamentales, M. Sarkozy a inventé une notion à la limite des pratiques (j’ai bien dit « à la limite ») courants dans les États totalitaires…la « présomption de culpabilité » ! En tant que réformateur tout azimuts,  notre Président vient pisser dans les bottes de la « présomption d’innocence » (celle là existe vraiment, article 9 DDHC), notion vieille de plus de deux siècles. Soit Nicolas Sarkozy tente désespérément d’assoir des réformes sécuritaires sur un quelconque problème de société crée de toute pièce, à savoir le laxisme de juges (bizarre d’ailleurs qu’il n’ait pas réexpliqué que tout ça c’est la faute à Mai-1968), soit il tient à confirmer à demi-mots ce qu’Alain Garrigou (professeur de Science politique à l’Université Paris X-La Défense) avait remarqué en fouillant les archives : que notre Sarkozy n’a pas eu son DEA ! (oui…bouh!!)
 
« Disfonctionnement grave de la justice » : le détenu avait purgé sa peine et était sorti de prison comme les codes pénaux le disposent. Soit le Président Sarkozy voulait dire « disfonctionnement grave du parlement » parce que les deux chambres n’ont pas voté d’arsenal législatif allant dans son sens, soit ce qu’il dénomme « dysfonctionnement grave » fait référence à des juges qui prennent des indécisions indépendamment des autres pouvoirs et donc pouvant aller contre sa volonté. Faudrait-il rappeler au Prédisent que les peines et les remises de peine ne sont pas décidées arbitrairement par les juges, et qu’a priori tout s’est passé dans le cadre de la légalité ?!! 
On en oublierait presque de Tony Meilhon n'est pas responsable de l'assassinat de Laëtitia...satané justice laxiste compréhensive avec les récidivistes...tout ça ca vient de Foucault et Deleuze, mois j'vous le dit!
 
                Heureusement que, pour se protéger d’attaques politiques aussi virulentes que celle formulée par Nicolas Sarkozy, les juges ont un atout de taille : un garant de l’indépendance de la justice ! L’article 64 de la constitution de la Vème République dispose grosso modo que le Président est « garant de l’indépendance de la justice »…ah zut ! En fait non, cette dernière remarque n’est pas pertinente vu que le protecteur est l’accusateur…qui plus est juridiquement intouchable !

      Fait surprenant, du côté de l’UMP, ceux qui tentent de protéger la justice viennent du parlement et du parti! Initialement, le Président « garant de l’indépendance » des juges s’est forgé comme un contre pouvoir au parlement…renversement cocasse !
Jean Leonetti, vice-président du groupe UMP : « L'indignation est unanime, mais nous ne devons pas avoir une réaction législative immédiate » ni de « proposition de loi d'opportunité ». Elle est soudée la majorité !
Hervé Novelli, secrétaire adjoint à l’UMP : une « réflexion » sur la récidive devrait durer  « un certain temps pour être féconde » tout en fustigeant « les lois inutiles » qui « affaiblissent les lois nécessaires ».
 Et tac !

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